lundi 27 juillet 2009

La gazette de Paris #30

Bourrasque dans ta gueule


Tim Walker


J’ai mis mes méduses.
S’il pleut, j’aurais l’impression d’être au bord de la mer.
Il pleut.

Mais j’ai tout de même du mal à imaginer l’horizon.

Je me sens un peu poisson hors de l’eau, rejeté par grosse vague qui ne sent pas sa force.

Celui qui aurait pris une grande respiration avant de se retrouver comme un con sur le bord du rivage à s’énerver d’étouffement, et qui va sans doute bientôt réaliser qu’il suffit d’ouvrir la bouche pour reprendre son souffle dans un grand sanglot de soulagement.

Le déluge, ça m’excite.
On se demandait ce soir quand est-ce qu’on cesserait d’exister par amour de la déferlante. Par goût de la bonne baffe qui pousse par instinct d’équilibre à chercher le meilleur angle pour retomber sur ses pieds.

Vomir en bloc,
Rire très fort de très bon cœur jusqu’à en jouir,
Jouir ou se tordre de douleur,
Imaginer que la mort nous touche de près,
Expérimenter le véritable manque et hurler.

Jouir le plus souvent possible.

Avoir recours au subterfuge, faire croire au déguisement de l’oiseau-chat qui saute habilement de branche en branche et fréquenter ceux qui, non pas par peur ou par anxiété, mais par amour et spontanéité, devanceraient le caprice.

Arrêter de faire des caprices.

Poisson ayant repris son souffle méduse aux pieds,
admet qu’il échangerait volontiers,
bourrasque froide contre vague de chaleur.